







Axée sur les illustrations, cette maison d’édition à la fierté de publier principalement des premiers livres. Fort d’expériences dans le domaine de l’édition, Guillaume Griffon a fondé L’agrume avec sa compagne en 2012. Exerçant, durant des années, toutes les professions que comptent une maison d’édition, il se consacre, désormais, au poste de directeur éditorial. Il a bien voulu répondre à quelques questions, je l’en remercie.
Delphine Bourbon : Comment êtes-vous devenu éditeur jeunesse ?
Guillaume Griffon : J’ai fait des études littéraires et à l’issu de cet enseignement j’ai poursuivi avec une formation « métiers du livres », à la suite de laquelle j’ai effectué des stages. C’est ainsi que je suis rentré dans l’édition. J’ai effectué un stage qui s’est très bien déroulé et j’ai été embauché en tant qu’assistant d’édition.
DB : Quelles sont vos responsabilités au sein de L’agrume ?
GG : J’ai créé le catalogue et la ligne de la maison. Après avoir été indépendante pendant 7 ans, L’agrume a été revendue au groupe Nathan il y a 6 mois. Depuis que nous sommes une marque au sein d’un grand groupe, mon poste a un peu changé. Avant je m’occupais un peu de tout : du travail éditorial, bien sûr (élaborer un programme éditorial, travailler avec les auteurs, assurer la direction artistique avec les illustrateurs), mais également du travail commercial (mettre en vente le livre, l’accompagner en librairie et en presse), de la gestion de la maison (tout l’aspect comptable et financier), de l’administratif, et aussi de la fabrication des livres (gérer la relation avec les imprimeurs et faire la mise en page). Maintenant que nous sommes chez Nathan je suis revenu à la base de mon travail, c’est-à-dire un rôle éditorial. J’ai été un peu délesté de la partie gestion et comptabilité que j’avais avant.
DB : Pouvez-vous me présenter votre équipe ?
GG : Je travaille avec une graphiste qui s’occupe de toutes les maquettes de nos livres (couvertures et mises en page), une chargée de communication qui s’occupe de trois domaines : la presse, la librairie et les réseaux sociaux, et une vendeuse de droits qui est chargée de représenter nos livres à l’international pour essayer de les vendre à des éditeurs étrangers.
DB : Vous faites vos mises en page en externe. Quels avantages cela vous apporte ?
GG : Nous ne pourrions pas avoir une graphiste à plein temps, nous n’avons ni le travail, ni le budget pour cela. Nous avons donc effectivement une graphiste attitrée en externe, qui travaille pour nous, mais qui a également d’autres clients, bien sûr. L’intérêt de travailler toujours avec la même personne est qu’elle apporte une unité graphique à la maison qui passe par les compositions de couleurs, la sensibilité typographique…
DB : Quelles sont les différences entre vos livres jeunesses et votre littérature graphique ?
GG : Ce que nous avons appelé « littérature graphique » ce sont des bandes dessinées. Nous leur avons donné ce nom au départ, car nous avions envie d’être un peu expérimental et d’aller vers des formes d’écritures graphiques qui explorent des manières singulières et originales de mêler textes et illustrations. Mais dans les faits, c’est une collection de bande dessinée. La structure de notre catalogue c’est : d’un côté la jeunesse qui tourne autour d’albums (3-6 ans) et de livres pour la petite enfance (0-3 ans) et de l’autre la collection bande dessinée qui est destinée à un public adulte. Nous ne faisons pas du tout de première lecture (pour les enfants du primaire) car nous sommes vraiment axés sur l’illustré.
DB : Vous publiez beaucoup de premiers livres. Cela ne vous fait pas peur financièrement de publier des personnes totalement inconnues par le public ?
GG : En réalité, en termes de ventes, il n’y a pas d’écart significatif entre une personne qui publie son premier livre et une personne qui a déjà publiée trois ou quatre ouvrages. Les personnes qui sont le plus sensibles au fait que ce soit un premier livre ou non sont plutôt les libraires. Comme les libraires passent commande avant même que le livre ne soit fini, il est vrai qu’ils peuvent être plus rassurés de commander le livre d’un auteur qui a déjà publié plusieurs livres qui se sont bien vendus, plutôt que le premier livre d’un auteur dont ils ne peuvent pas savoir s’il trouvera ou non son public. Malgré cela, publier un premier livre peut aussi être un argument commercial : il s’agit d’attirer l’attention sur un jeune auteur ou un jeune artiste en montrant sa singularité.
Pour nous, c’est une fierté de découvrir des jeunes talents et de les accompagner dans la construction de leur œuvre, de leur style.
DB : Pourtant cela fait peur, en général, aux éditeurs de publier un premier livre.
GG : Oui, c’est sur qu’un éditeur a toujours besoin de se projeter, c’est comme pour le libraire qui se projette sur les ventes. Nous les éditeurs, quand nous signons un livre, nous signons un contrat pour un livre qui n’existe pas encore, donc nous nous projetons sur ce que sera le livre sur la base de l’histoire qui est plus ou moins écrite ou sur la base d’un univers graphique, même si nous allons tout retravailler par la suite. Avec un premier livre d’auteur, c’est un pari plus risqué puisque nous ne savons pas comment l’auteur saura s’adapter à nos exigences éditoriales, tant au niveau de l’écriture, de l’histoire, du scénario, qu’au niveau de la direction artistique.
DB : Comment travaillez-vous avec vos partenaires ?
GG : Cela dépend de nos partenaires. Le diffuseur-distributeur est un partenaire essentiel : c’est lui qui se charge de la prospection auprès des libraires et de la logistique (la livraison des livres, la facturation, etc.). Jusqu’à notre rachat par Nathan, nous étions diffusés par Harmonia Mundi Livre. Maintenant, la diffusion de L’Agrume est assurée par Nathan. Nous avons d’autres partenaires selon les domaines. Fontaine O Livres par exemple est une association de professionnels du livre (surtout des éditeurs) qui se mettent en réseau pour essayer de mener des actions communes, comme être présents sur des salons du livre.
DB : Avez-vous des projets de développement ou d’amélioration ?
GG : Nous consolidons la jeunesse en continuant d’explorer la petite enfance, tout en développant les albums et les livres objets. Nous avons de très beaux projets pour l’automne 2020… À côté des nouveautés, un de nos projets de développement est de dynamiser notre fonds pour qu’il soit davantage mis en avant. Nous avons également des projets de développement en bandes dessinées pour 2021…








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