Marine Cazaux

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Persévérante, déterminée et passionnée par son métier d’illustratrice, voilà ce qui décrit bien Marine Cazaux, qui travaille sur tous les aspects de l’édition jeunesse, puisqu’elle réalise des illustrations pour des jeux, des jouets, des romans, des livres d’éveil, des albums… pour n’en citer que quelques-unes. Je vous laisse découvrir cette interview aussi passionnante que motivante.   

Delphine Bourbon : Pouvez-vous me parler de votre parcours ?

Marine Cazaux : Comme beaucoup, je pense, ma passion pour le dessin a dû germer dans l’enfance. L’encouragement et la reconnaissance de ma famille et de mes professeurs ont sans doute fortement contribué à me faire continuer. Adolescente, je me suis de plus en plus intéressée aux arts visuels comme la bande dessinée, les livres illustrés, le cinéma et les jeux vidéo qui commençaient à prendre un vrai essor à cette époque. Puis, lorsqu’est venu le temps de faire ces fameux choix d’orientation et de répondre à la grande question : « Que veux-tu faire comme métier plus tard ? », je me suis très rapidement dirigée en baccalauréat littéraire option arts plastiques. Après le bac, je pense que j’avais déjà envie de devenir illustratrice mais trouver la bonne voie, les bons conseils et les bonnes études dans le domaine artistique n’était pas une mince affaire… Mais avec quelques années de recherches et questionnements, j’ai finalement intégré une année de MANAA en école d’art (mise à niveau en arts appliqués). Je ne m’en suis pas trop mal sortie et cela m’a permis de confirmer mon projet professionnel. Créer et dessiner, c’est cela que je voulais faire ! J’ai finalement trouvé l’école qui me correspondait vraiment et j’ai étudié quelques années à l’école supérieure d’art Emile Cohl dans laquelle j’ai appris les bases du dessin et ai pu bénéficier de l’encadrement dont j’avais besoin. Très rapidement, quelques mois après ma sortie des études, j’ai eu la chance d’illustrer mon premier album jeunesse Heidi, et c’était parti ! Je suis aujourd’hui illustratrice freelance à plein temps et je ne regrette pas d’avoir suivi ma voie malgré toutes les difficultés rencontrées encore aujourd’hui pour exercer ce métier. Si l’on est passionné, il faut simplement s’accrocher, persévérer et croire en soi.

Le jardin magnétique, jouet réalisé pour Janod
Écoute et cherche dans la maison,
album d’éveil sonore pour les éditions Auzou
The Old Mother Goose – pour le magazine anglais Storytime de Lumaworks

DB : Quelle est votre technique de dessin ?

MC : Je travaille principalement en numérique sur tablette graphique. C’est en tout cas, d’après moi, la technique la plus confortable pour les projets professionnels qui demandent de plus en plus d’exigence et de rapidité d’exécution. La technologie prend une place importante dans notre société aujourd’hui et cela nous pousse à nous adapter. Nous sommes de plus en plus nombreux à utiliser le numérique qui offre des possibilités infinies et qui peut même se mixer à d’autres techniques pour des résultats fous ! Quoiqu’il en soit, le traditionnel est forcément toujours là, dans un coin du bureau d’un artiste. En ce qui me concerne, pour le moment, il fait plutôt partie des projets personnels.

DB : Sur quels logiciels travaillez-vous ?

MC : Je travaille principalement avec le logiciel Photoshop et sur cintiq. Beaucoup d’illustrateurs utilisent la cintiq. Il s’agit d’une tablette-écran disponible en différents formats (parfois transportables) sur laquelle on dessine directement dessus avec un stylet. Donc c’est très confortable, plus naturel et fluide. C’est comme si on dessinait directement sur un support papier ou une toile ! Cela me permet de retoucher plus facilement une image puis de l’envoyer rapidement par internet à l’éditeur. 

DB : Qu’est-ce qui vous a conduit à travailler avec des éditeurs jeunesse ?

MC : Comme je l’ai expliqué dans mon parcours, j’ai toujours eu envie de devenir illustratrice. Petite, j’aimais déjà énormément les livres illustrés, pleins de couleurs et de détails. J’ai sans doute dû garder un peu de mon âme d’enfant. Mais je crois que je me suis naturellement tournée vers l’édition jeunesse car mon univers s’y prêtait plutôt bien. J’aime le coloré, le drôle, le mignon et je me retrouve bien dans les mondes imaginaires ! C’est assez facile de s’exprimer de cette manière dans la jeunesse. À la sortie de mes études, mon style était donc plutôt ciblé « jeunesse », du coup j’ai eu la chance d’obtenir rapidement un premier contrat d’album jeunesse. J’ai par la suite eu d’autres propositions de projets et mon book s’est petit à petit développé dans ce sens, ce qui me convenait.

The Old Mother Goose la fuite – pour le magazine anglais Storytime de Lumaworks
La jungle, illustration pour un album-jeu cherche et trouve à paraître

DB : Vous travaillez sur tous les aspects de l’édition jeunesse, puisque vous faites des illustrations pour des jeux, des albums, des romans, des livres d’éveil, des magazines, des livres éducatifs. Comment travaillez-vous sur chacun de ces différents projets ?

MC : On me propose maintenant des projets de plus en plus variés et je saisis ces occasions. Je suis toujours ravie lorsque je peux illustrer de nouveaux supports et je m’adapte à chaque fois même si la base reste la même. Lorsqu’un domaine me plaît vraiment, je pousse aussi des portes. Par exemple, depuis quelques temps, j’illustre beaucoup pour l’univers du jeu et du jouet que j’apprécie de plus en plus et qui me correspond vraiment. Vous verrez d’ailleurs beaucoup de mes nouveautés paraître dans ce domaine pour cette année 2020. La variété est une chose qui me plaît dans la création… on ne s’ennuie jamais et c’est toujours très enrichissant. Cela permet également de trouver ce qui nous correspond le mieux et de se découvrir en tant qu’artiste !

DB : Comment rentrez-vous en contact avec les éditeurs ?

MC : En sortant de mes études, j’ai commencé par créer mon site, mon book et mes réseaux sociaux puis je me suis inscrite sur des plateformes d’artistes. Il s’agit de la première étape pour un illustrateur qui doit par la suite continuer à mettre à jour et alimenter tout cela le plus possible. L’important est de maintenir la bonne visibilité de son travail sur le net et d’être présent pour pouvoir tisser son réseau de contacts. Un musée a un jour repéré mon book sur le net et m’a contactée par mail pour réaliser un projet d’affiches pour un atelier enfant. C’était ma toute première commande, une bonne première expérience. Par la suite, j’ai commencé à contacter des éditeurs jeunesse par e-mail pour leur proposer de collaborer ensemble et je me suis présentée au salon incontournable du livre jeunesse de Montreuil. J’ai pu obtenir quelques rendez-vous professionnels avec des éditeurs et des éditrices et l’une d’elle a beaucoup aimé mon travail qu’elle a fait découvrir à ses collègues. C’est comme ça que j’ai pu rapidement illustrer mon premier album jeunesse. Aujourd’hui j’ai de plus en plus de contacts et c’est aussi bien eux qui viennent vers moi que moi qui vais vers eux. Dans tous les cas, en dehors de la partie créative du métier, cela reste un vrai travail d’entretenir son réseau et de faire découvrir son book. C’est beaucoup d’investissement, mais il ne faut jamais lâcher. Comme on dit, qui ne tente rien n’a rien… et bien-sûr, parfois, certaines choses arrivent lorsqu’on ne s’y attend pas et ça c’est chouette !

La savane, illustration pour un album-jeu cherche et trouve à paraître
L’océan, illustration pour un album-jeu cherche et trouve à paraître

DB : Les éditeurs sont-ils vos seuls interlocuteurs ou vous arrive-t-il également d’être en contact avec les autres personnes qui construisent un livre ?

MC : La plupart du temps, mes interlocuteurs se limitent à une ou deux personnes. D’abord l’éditeur ou le directeur artistique chargé du projet puis, parfois, l’assistant ou le responsable graphique qui l’accompagne en plus pour gérer le suivi. Il m’est déjà arrivé d’être en contact direct avec des graphistes travaillant sur le projet (qui parfois gèrent en plus eux-mêmes la direction artistique) mais cela arrive le plus souvent sur des projets de jeux-jouets qui sont plus complexes à construire. Dans ces cas, cela est plus simple et confortable pour l’illustrateur de travailler directement avec le graphiste. Pour les auteurs, je suis rarement en lien direct avec eux lors de la phase de création. En général, j’ai le plaisir de les rencontrer sur des salons du livre lors de séances de dédicaces. Et parfois, nous nous contactons sur les réseaux. Ces échanges se passent le plus souvent en post-production car l’éditeur préfère faire lui-même le relais entre l’illustrateur et l’auteur pour trancher sur les décisions.

DB : Quels sont les points communs et les différences dans votre façon de travailler sur chaque projet ?

MC : En général, la manière de travailler est assez similaire pour toutes les commandes. On me propose le projet, on me fournit ensuite un brief détaillé avec tous les éléments nécessaires à la création (dimensions, maquette, gabarit, liste des éléments à illustrer etc.) puis on commence par une phase de crayonnés pendant laquelle on échange beaucoup avec l’éditeur pour bien mettre en place le concept. Une fois cette étape réalisée et validée, on travaille sur la finalisation avec la mise en couleur. Et bien sûr, il y a toujours l’agréable petite partie administrative en plus à gérer au milieu. Ce qui change c’est que je suis parfois vraiment limitée en liberté créative lorsque l’éditeur a un projet très précis et spécifique en tête avec des codes à respecter. Parfois, le thème, la collection, le format, la liste des éléments et la cible sont très déterminés et c’est dans ces cas qu’il faut savoir bien s’adapter. Sur un album illustré par exemple, nous sommes obligés de respecter le texte et sa découpe dans les pages mais nous sommes un peu plus libres graphiquement et pouvons apporter notre créativité en proposant nos idées en plus. Dans un jeu, un jouet ou livre-jeu, cela peut être encore différent si l’éditeur a un brief plus ou moins détaillé et s’il souhaite laisser une place importance à votre créativité ou non. Parfois, cela se rapproche même d’un travail d’illustrateur-graphiste car le matériel de jeu et la mise en page peuvent un peu évoluer en fonction des échanges et réflexions tout au long de la création. Le visuel a vraiment un rôle déterminant dans ce type de projet. Il faut que tout soit cohérent pour que le jeu fonctionne bien et je suis parfois amenée à créer moi-même des éléments graphiques en plus des illustrations. Donc en résumé, je dirai que le processus est similaire mais que certaines phases et surtout la liberté créative dépendent des attentes du client et de sa manière de gérer le projet !

DB : Quels sont vos projets ?

MC : Actuellement, pour les projets professionnels, je viens de boucler un bel album-jeu pleins d’animaux rigolos dont vous pouvez déjà découvrir quelques images sur mon book. Pour les projets en cours, de nouveaux jeux sont à venir ainsi qu’un joli album documentaire mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment. Pour les projets d’évolution professionnelle ou plus personnelle, ils sont variés car je souhaite vraiment explorer de nouveaux domaines et pas seulement dans l’univers jeunesse ! Je suis en phase d’évolution et je trouve petit à petit ce qui me correspond. L’aventure ne fait que commencer alors restez connectés et n’hésitez pas à partager !

Les trois petits cochons pour
un album de contes aux éditions Hemma
Le loup des trois petits cochons pour un album de contes aux éditions Hemma

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